Les Loango étaient dans le tissu économique de l’époque à peu près, ceux que sont les Maliens aujourd’hui au Gabon. Ils avaient aussi sur le plan culturel plusieurs similitudes avec les autochtones, notamment par les mêmes goûts culinaires, vestimentaires, artistiques.
Mes grands-parents, tous artisans de renom (mécanicien, menuisier, charpentier, tailleur, cuisinier…) ne prestaient que pour la jet-set essentiellement européenne de l’époque et finirent tous par s’attacher à des âmes sœurs originaires de la côte (avec armes et bagages culturels).
Mes mamans en firent autant, puis mes frères, mes sœurs et ... moi-même ! Un brassage qui ne laisse peut être aujourd’hui qu’une référence péjorative à l’identité Loango mais dont les racines sont vivantes du Cabinda à Libreville, en passant par Pointe Noire, Mayumba, Setté - Cama, Gamba, Port Gentil.
Dans le milieu de Libreville de 1920, mes mamans par l’avantage de leur culture hybride, connaissaient le dosage culturel de toutes les familles de Libreville, Owendo et Port Gentil.
De nos jours, mes aînés qui ont passé toute leur vie ici, m’irritent parfois et me surprennent ensuite agréablement, par leurs connaissances du « milieu » librevillois, dans lequel se fondent toutes les composantes des entités ethniques, linguistiques, culturelles, et politiques du Gabon.
Dans ma famille (artisans essentiellement) on ne fit pas de politique, ce qui nous éloignât de la nomenklatura politique de l’époque, quoique que ma mère et mon père fussent un peu lettrés.
De façon rationnelle, les fondements même de la politique d’unité nationale, chère au Président Léon MBA et relayée par le Président Omar BONGO ONDIMBA, s’appuyaient sur une identification sédentaire et homogène, à partir de laquelle, les élites provinciales, intellectuelles, ethniques, claniques et spirituelles étaient cooptées aux postes administratifs et politiques.
En nous sédentarisant dans les métropoles politiques et économiques qu’étaient Libreville, Owendo et Port Gentil, ces critères nous marginalisaient de facto. Il fallait pour figurer aux tableaux des valeurs, cultiver l’excellence et militer dans les groupements politiques de l’époque (BDG,UDSG, PUNGA) qui disposaient d’une base identitaire de repli très forte.
Comment en dépit de ces exigences sont parvenus dans les arcanes de l’État : les Lassy, Ngoma, Nzaou JM, Divoungui PC etc, parents de mes géniteurs ?
Extrait de " Mon Petit Site Blanc " - oct 2007 -
c'est encore possible !