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Moêtchi M'PÂMBU MBUMBE

Moêtchi M'PÂMBU MBUMBE

Hervé PAMBO MBOUMBA


Mbôyu chez Bass Loaangu

Publié par Moêtchi M'PÂMBU MBUMBE sur 26 Octobre 2020, 16:11pm

Mbôyu est l’esprit, la divinité protectrice du clan dont on fait appel ou se manifeste de lui-même, suite à un évènement passé, présent ou attendu. Il incarne une forme invisible, s’exprimant dans une voix très chaude, dans les premières heures de la nuit. Les initiés du village au Mbôyu, probablement avertis de son intervention, vont aller le chercher dans la cour arrière du village. Ils battent le sol et les murs avec des branchages et des feuilles de bananiers. Les autres résidents du village surtout les femmes et les enfants, se barricadent dans leurs cases. Mbôyu va scander prophétiser, invectiver, dénoncer, mettre en garde, les autres petits esprits sorciers, porteurs de malheurs. Il est le protecteur des autres divinités telles que les jumeaux.

Ce rite est peut être comparable à Mwanzu ou l’Okoukouè des M’Pongwès. En effet il est tout aussi utile de faire une annonce, de parler à haute voix,  généralement très tôt le matin ou dans la nuit, aux heures où l’audition est forte. Parler de ce qui ne va pas ou faire amande honorable, afin de circonscrire le mal à sa racine. Celui qui va “taper Mbôyu“, va s’adresser de façon indirecte à celui qui veut du mal. Le fait de parler de ce mal, de dire que l’auteur est démasqué et sera puni s’il n’abandonne pas déjà, se révèle généralement salutaire et efficace. La situation est rapidement rétablie (guérison, restitution, déblocage sanction, etc ).

A Montagne Sainte, pour tenir une veillée de jumeaux ou autre cérémonie religieuse ou festive, nocturne, il fallait au préalable avoir été demander l’autorisation au Commissariat de police, tout proche. Un jour, ma mère le fit comme d’habitude et revint avec son récépissé, signé du Premier Commissaire de Police Gabonais. Au milieu de la nuit, un agent, plein de zèle, vint s’interposer à la veillée et lui administra une gifle mémorable, entre les deux yeux, alors qu’elle portait de chaque côté, ses jumeaux, au motif, qu’elle faisait du tapage nocturne. L’affaire fut portée à l’attention du Commissaire. Bien évidemment, elle s’arrêta  là, car malgré tout, raison reste à la loi. Quelques jours après, le policier fut révoqué de ses fonctions, pour avoir soustrait  frauduleusement des victuailles à une commerçante, au marché. Mbôyu, s’était occupé de lui et les autres prirent conscience.

                                          Môetchi

Extrait du livre : les Loango   (2014)

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